Les savoirs anodins

Episode 4 – Quelles ont été les carrières professionnelles de nos présidents et aspirants chefs de l’Etat ?

Existe-t-il un parcours professionnel type chez les hommes et les femmes se présentant à une élection présidentielle ? Qu’ils soient devenus ou non président, petit tour d’horizon des carrières des 75 candidats s’étant présentés au suffrage des Français ces cinquante dernières années, grâce aux informations compilées sur leurs pages Wikipédia.

En dehors de la politique, avocats et hauts fonctionnaire d’Etat sont les professions les plus exercées

Ouvrier, agriculteur, enseignant… 47 métiers différents ont été recensés sur les pages Wikipédia des 75 personnes dont les candidatures ont été retenues par le conseil constitutionnel pour participer à une élection présidentielle, sous la Ve République. 

8 pages Wikipédia de personnalités n’ont pas de renseignements sur une autre profession exercée en dehors de la politique. C’est le cas de celle d’Alain Krivine (candidat en 1969, 1974), de Brice Lalonde (candidat en 1981), d’Antoine Waechter (candidat en 1988), de Robert Hue (candidat en 1995, 2002), de Marie-George Buffet (candidat en 2007),  de Benoît Hamon (candidat en 2017),  de Pierre Marcilhacy (candidat en 1965) et de Yannick Jadot (candidat en 2022).

1,5 métier ont été exercé en moyenne parmi les 67 candidats pour lesquels un métier est renseigné sur leur page Wikipédia, en dehors de l’activité d’homme ou femme politique.

Côté candidats devenus présidents, cette tendance ne se dément puisque les deux professions les plus exercées sont haut fonctionnaire d’Etat (5 personnes) et avocat (3 personnes).

Ministre et député sont les fonctions politiques les plus exercées par les candidats qu’ils soient ou non devenus président

Seuls 6 candidats n’ont pas de renseignements sur une fonction politique exercée. Il s’agit de :  Louis Ducatel (candidat en 1 969), Guy Héraud (candidat en 1 974), René Dumont (candidat en 1 974), Jean-Claude Sebag (candidat en 1 974), Bertrand Renouvin (candidat en 1 974), Pierre Boussel  (candidat en 1 988).

En cumulant leur parcours professionnel, les 69 candidats pour lesquels ce champ est renseigné ont occupé un total de 372 postes politiques (dont 71 par les 9 candidats devenus présidents).

Lorsque l’on désire devenir président, occuper certains postes semble plus stratégique que d’en occuper d’autres. Moins de 3 présidents sur 10 ont effectué un mandat local (maire, député, conseiller régional…) contre près de 6 sur 10 avec une ou plusieurs fonction politique nationale.

Quel que soit leur destin présidentiel, 5 postes politiques ont été occupés en moyenne par les candidats

Avant la mise en œuvre en 2017 et 2019 des lois sur le non cumul des mandats(1), les parlementaires pouvaient exercer plusieurs fonctions politiques en même temps

Ainsi, parmi les 69 candidats pour lesquels une fonction politique est renseignée, 5 mandats politiques sont endossés en moyenne par personne. Si l’on se concentre uniquement sur les candidats devenus présidents, la moyenne grimpe à 8 fonctions politiques.

La distribution du nombre de postes politiques occupés est relativement équilibrée, malgré un outlier(2) qui est François Fillon et ses 15 fonctions exercées au cours de sa carrière. 50% des candidats ont effectué entre 3 et 7 fonctions politiques.

Allons plus dans le détail. Certaines valeurs statistiques permettent de révéler des différences de parcours entre les candidats devenus présidents et les autres.

La durée moyenne des carrières politiques est de 47 ans

En additionnant l’ancienneté par poste de chaque candidat, la durée cumulée de carrière politique de ces 69 hommes et femmes est de 32 siècles (ou 1 176 727 jours).

Pour ces candidats, une vie professionnelle dans la politique dure en moyenne 47 ans. Chez ceux qui n’ont jamais été élus présidents, cette moyenne est de 45 ans contre 56 ans pour ceux devenus chef de l’Etat (hors mandat présidentiel).

Trois hommes enregistrent des carrières politiques particulièrement longues(3) par rapport à leur homologues candidats : Valéry Giscard d’Estaing avec l’équivalent de 133 ans de carrière politique (hors présidence de la république), François Bayrou avec 124 ans et Jean Lecanuet avec 120 ans.

Certains candidats ont dédié plus d’une vie à leur carrière politique

Comme expliqué plus haut, avant la mise en œuvre des lois sur le non cumul des mandats, les parlementaires pouvaient exercer plusieurs fonctions politiques simultanément. Par exemple, occuper en même temps un mandat de maire et de député. En dehors de cette règle, beaucoup de candidats ont fondé puis présidé leur parti politique pendant de nombreuses années. Mise bout à bout, toutes ces expériences professionnelles font que certains hommes politiques comme Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand ou encore François Bayrou ont consacré plus d’une vie à exercer une fonction politique.

Au cours de leur vie politique certain candidats ont travaillé pour des présidents

Dans une carrière c’est bien connu, les parcours des hommes et femmes politiques peuvent se croiser, si bien que des candidats ont été les ministres ou secrétaires d’Etat de certains présidents.

Sous la Ve République, François Mitterrand détient le record absolu du président ayant eu le plus d’aspirants chefs de l’État dans son gouvernement.

Note de bas de page : (1)Ces lois sur le non cumul des mandats empêchent donc un député ou un sénateur d’exercer un mandat exécutif local en parallèle de sa fonction de parlementaire depuis 2017. Depuis 2019, il en est de même pour les députés européens. (2) Outlier signifie valeur aberrante. En statistique, une valeur prise dans une distribution de données peut être qualifiée ainsi lorsqu’elle est supérieure à la valeur de clôture (1,5 fois l’écart interquartile, additionné à la valeur du 3e quartile). (3) Dans cette distribution sur les années de carrières, les valeurs dites “aberrantes” se situent au-dessus de 43 114 jours en fonction. C’est le cas de Jean Lecanuet, François Bayrou et Valéry Giscard d’Estaing. Sources : Wikipédia, Google, Elysée, Vie Publique, Conseil Constitutionnel.